C'est parti pour Destiny
Après cinq ans de développement, Destiny est officiellement disponible en version commerciale. Le « shooter en monde partagé » pose les bases d'un genre hybride entre MMO et jeu multijoueur, tout en faisant figure d'enjeu économique de taille pour Activision.
Après près de cinq ans de développement au sein du studio Bungie, Destiny est finalement officiellement disponible aujourd'hui dans les bacs, distribué sur PlayStation et Xbox. Et le blockbuster n'est pas totalement anodin dans le paysage vidéo ludique actuel tant au regard de l'investissement (et donc des enjeux) qu'il représente que des ambitions de son développeur.
De par son pédigrée, d'abord, on comprend que Destiny focalise une certaine attention. Le jeu est réalisé par Bungie, qu'on connait notamment pour avoir signé plusieurs opus de la série des Halo dont chaque épisode s'est vendu à plusieurs millions d'exemplaires (avant que Microsoft ne reprenne la licence). Bungie bénéficie donc d'une certaine aura auprès des adeptes du genre, Destiny prend des allures de successeur spirituel des précédents titres du studio et c'est donc assez logiquement que le blockbuster se classe parmi les titres les plus précommandés de l'histoire du jeu vidéo -- à hauteur de plus de deux millions de copies, tutoyant ainsi les records de GTA V mais qui capitalisait sur les épisodes précédents de la licence là où Destiny se veut une « nouvelle licence ».
Destiny se fait remarquer tout autant par l'envergure financière du projet. Car même si le chiffre est abondamment discuté, le budget du jeu représenterait une enveloppe de 500 millions de dollars -- le chiffre était avancé par Bobby Kotick dans le cadre de la Millican Convention et est aujourd'hui replacé dans son contexte : Destiny s'inscrit dans le cadre d'un accord de partenariat de dix ans, doit compter plusieurs épisodes (des ajouts de contenus réguliers tous les ans ou presque sont déjà prévus) et le chiffre engloberait autant le développement que la promotion et l'exploitation du jeu. Il n'empêche que le chiffre est colossal et qu'il représente un enjeu économique de poids même pour Activision, éditeur de Destiny et premier acteur occidental de l'industrie du jeu. Et à ce simple titre, on sera sans doute curieux de suivre les chiffres de ventes de Destiny dans les semaines à venir.
Au-delà des chiffres, Destiny rebat aussi les cartes du jeu. Car en termes de gameplay, Destiny pose (peu ou prou) de nouvelles bases. Sur le papier, le titre de Bungie reprend à son compte certains des codes traditionnels du MMO : on joue en ligne, au coeur d'un univers persistant et évolutif mais relativement fermé, aux côtés d'autres joueurs mais pas forcément avec eux. Le développeur renie la notion de jeu massivement multijoueur dans la mesure où les joueurs se croisent effectivement mais jouent essentiellement en petit comité (préalablement choisi parmi ses proches), au travers d'instances nombreuses tout juste liées les unes aux autres via des hubs un brin plus collectifs et sociaux, pouvant accueillir des événements dynamiques. Des fonctionnalités « simplement multijoueur » dans un décor de MMO.
Une approche revendiquée par le développeur qui entend laisser le joueur libre de ses (éventuelles ou absence d') interactions. Un choix un brin étriqué pour le joueur MMO habitué aux découvertes et aux rencontres ? Peut-être, mais un choix justifié par le caractère grand public de Destiny, qui voit dans ce modèle « collectif mais pas trop » le moyen de contourner les comportements délétères qu'on croise parfois dans ce type de jeux en ligne d'action -- le joueur qui ne souhaite pas être confronté aux bordées d'insultes lâchées par d'illustres inconnus croisés au hasard d'une mission pourra choisir de jouer exclusivement avec ses connaissances proches ou sa famille dans un contexte un tantinet plus détendu. Le gameplay de Destiny est conçu pour ça.
Et là encore, on sera curieux d'étudier la façon dont Destiny sera appréhendé par les joueurs et plus encore sa capacité de rétention (sa capacité à créer des communautés) dans le cadre d'une exploitation devant durer plusieurs années.
On comprend à la fois l'enjeu économique que représente Destiny pour Activision, mais aussi l'enjeu ludique de son modèle, qui pourrait inspirer d'autres acteurs de l'industrie du jeu -- jusqu'à poser les bases d'un genre hybride devant trouver sa place sur un marché du jeu en ligne qui s'interroge sur l'avenir des « vrais MMO » ?
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